La tradition voudrait que le bois de tilleul soit le meilleur pour recevoir l'écriture d'une icône car ses fibres sont tendres et bien homogènes. Dans la pratique, les icônes étaient peintes sur le bois que l'iconographe trouvait dans la région. Toutes les essences sont convenables ; il suffit que la planche ne soit pas en bois résineux, qu'elle soit bien sèche et exente de tout nœud. Actuellement, de nombreux peintres d'icônes contemporaines utilisent des bois usinés comme le contreplaqué et le latté.
Une icône traditionnelle est composée généralement du cadre qui contiendra l'image et de la bordure. Dans ce cas, les mensurations sont codifiés de manière assez stricte.
les
icônes représentants un personnage
en pied ont une proportion largeur/hauteur de 1 x 3
pour un
personnage
peint en buste
ce rapport est de 3 x 4
pour les scènes
bilbliques, on utilisera 4 x 5
quant aux
icônes de la Vierge
du type Hodigitria,
la proportion serait de 4 x 6
Ensuite, il faut ajouter la largeur des quatre bordures avant de tailler la planche.
les quatre
bordures
peuvent être de largeur
égale
la bordure du bas
peut être plus
large que les trois autres
les deux
bordures verticales
de même tailles avec les deux bordures horizontales
un peu plus
larges mais de taille identique.
La planche doit ensuite être creusée de 3 à 5 mm à l'aide d'une gouge et être poncée pour rendre la surface évidée plane. C'est ce que l'on nomme l'arche. Les bords de l'icône sont légèrement en relief. Ils ont une grande importance car ils servent à séparer le personnage qui a une dimention intemporelle et le monde terrestre. Les sujets peints ne doivent jamais atteindre le bord du panneau de bois.
Si
cette pratique était courante au XIe et XIIe
siècle avec
les bordures très larges, elle tend à
disparaître
au fil du temps, la largeur des bords se réduit
considérablement, et à partir du XIVe
siècle,
l'arche disparaît presque totalement. De nos jours
on peut
trouver des planches creusées toutes prêtes dans
le
commerce,
mais autrefois, l'iconographe devait exécuter son
travail seul.
Sur
la face de la planche qui recevra l'icône,
on creuse avec un cutter des rangées de petites entailles
espacées de deux ou trois centimètres selon la
surface du panneau.
Elles
seront orientées à 45° par rapport aux
fibres du bois. Puis on recommence l'opération en croisant les rangées (cf dessin). Elles permettront à la colle que l'on va poser de bien pénétrer dans le bois. |
Le peintre d'icône prépare toujours plusieurs planches pour recevoir un encollage car il est assez difficile d'estimer correctement le volune de colle nécessaire pour un panneau, sachant que la colle ne se conserve pas.
On
utilise habituellement de la colle
de peau de lapin (colle Totin) en
plaque. Elle présente moins d'impuretés que celle
qui est
vendue en granulés. En Russie, on utilisait de la colle de poisson
venant presque exclusivement des esturgeons.
Il faut faire
tremper la veille dans un récipient qui supporte la
cuisson
80 grammes de colle pour un litre d'eau. Suivant les recettes et les
iconographes cette proportion peut varier mais il ne faut
pas aller au
delà de 100 grammes de colle pour le litre d'eau.
Le lendemain, la colle a un aspect gélatineux. On la fait cuire au bain-marie, à petit feu, pendant environ un quart d'heure tout en la remuant avec un ustensile de bois pour ne pas avoir de grumeaux. La colle ne doit jamais bouillir, elle deviendrait cassante une fois sèche. Lorsque la préparation est bien homogène, on passe la colle très chaude sur la planche avec un gros pinceau en insistant bien dans les petites stries et en évitant les empâtements, les bulles d'air et la poussière.
Il faut également encoller le verso de la planche pour éviter qu'elle se déforme. Puis on laisse sécher au minimum un jour.
Le marouflage consiste
à coller un toile de chanvre ou de lin d'excellente
qualité sur la planche pour isoler l'enduit et la couche picturale
du bois qui travaille toujours. De nos jours avec le latté
et
le
contreplaqué, cette opération fastidieuse est
devenue
inutile.
Que
l'on pose une toile ou pas sur la planche, il faut faire un enduit blanc pour
recevoir les couleurs. Le mot levkas
vient du mot grec λευκος
(leukos) qui signifie blanc. Il est fait avec la même colle qui sert pour l'encollage (voir plus haut pour la préparation) plus un ajout de blanc d'Espagne, appelé aussi blanc de Troye ou blanc de Meudon. |
Ici
aussi, il y a plusieurs recettes d'enduit. Après
avoir fait
tremper 10 grammes de colle de peau de lapin toute la nuit, j'incorpore
au bain-marie 100 grammes de blanc d'Espagne en remuant bien pour
éviter les grumeaux, sans jamais faire bouillir. Lorsque le
levkas est bien chaud, j'applique avec un gros pinceau plat une couche
la plus fine possible. Puis j'attends environ une heure pour qu'elle
soit sèche. Il est préférable
de
prévoir plusieurs planches à enduire. On laisse
le
récipient au chaud dans le bain-marie en remuant de temps en
temps pour conserver la préparation toujours à la
même température.
Personnellement,
j'applique
toujours un minimum de sept couches d'enduit. Il faut travailler
très vite et toujours en croisant les couches successives
puis
je laisse sécher la dernière toute une nuit.
Lorsqu'elle
est bien sèche, je la ponce au papier de verre fin pour que
la
planche soit lisse comme du marbre. De nos jours, le gesso
prêt à l'emploi du commerce est très
utilisé
mais il n'a pas la souplesse et les qualités de transparence
des
couleurs que confére le levkas.
Il faut toujours utiliser des pigments de qualité supérieure.
Toutes les icônes religieuses portent le nom du sujet qu'elles représentent puique Dieu nous appelle par notre nom. Les noms sont souvent scindés et abrégés de part et d'autre de la tête du personnage.
Pour les icônes de Théotokos, on trouvera MP et OY qui sont la contraction du mot grec, qui signifie Mère de Dieu.
Pour
le Christ, le monogramme IC
XC ( Jésus Christ ) se place près de
sa tête et OWN
( Celui qui est, éternellement ) est inscrit à
l'intérieur de son auréole.