le Sinaï, péninsule égyptienne, se situe entre l'Afrique et l'Asie, au nord de la mer Rouge. Le climat est aride et les sources d’eau sont peu abondantes.
Le monastère Sainte-Catherine du Mont Sinaï, haut lieu de la spiritualité, est également connu sous le nom du Monastère de la Transfiguration. Il est situé dans le triangle entre le désert d'Al Tih au nord, le golfe de Suez à l'ouest et le golfe d'Aqaba à l'est, dans le massif du Sinaï. Il se dresse à 1 570 mètres d'altitude au pied du mont Moïse ou le prophère recueillit les Tables de la Loi.
Contrairement à d'autres monastères, cette enclave chrétienne en terre d'Islam a su protéger son patrimoine tout au long des siècles, en demandant aux divers conquérants leur protectorat.
En 337, l'Impératrice byzantine Hélène (la mère de l'empereur Constantin Ier de Constantinople) fit construire une chapelle sur le site où elle pensait être le Buisson-Ardent de Moïse. Elle la dédia à la Vierge Marie.
Le site du monastère Sainte Catherine a été incrit en 2002 au Patrinoime Mondial de l'Unesco.
Dès le IVe siècle des moines se sont installés dans la région et à la suite de plusieurs massacres parmi eux, une fortesse a été construite au pied du Mont Moïse sur ordre de l'empereur Justinien Ier vers 527 pour la sécuriser les religieux et des pèlerins. Elle sera achevée en 560, année de la mort de Justinien. Les angles de la muraille massive de 2,50 mètres d'épaisseur et de 11 mètres de haut en blocs de granite équarri, sont orientés vers les quatres points cardinaux. Les parties supérieures de l'enceinte ont été restaurées par Napoléon Ier à l'aide de blocs plus petits et non taillés.
La
porte
principale d'origine à l'ouest est
condamnée.
L'accès actuel se fait par une petite porte à sa
gauche.
La
principale structure dans l'enceinte est l'Eglise
de la Transfiguration ( le
katholikon),
qui fut construite en 560 par l'architercte byzantin Stephanos qui
éleva également les murs défensifs du
monastère à partir de 527.
L'église
est en granite en
forme de basilique,
avec une large nef
centrale et
deux bas-côtés délimités par
de massives
colonnes aux
chapitaux décorés de symboles
chrétiens, d'une abside
et d'un narthex
(entrée,
pièce intermédiaire avant l'accès
à la
nef). Chacuns des bas-côtés comporte trois
chapelles et
l'abside possède deux chapelles disposées de part
et
d'autre de l'espace central. Près de l'autel se
trouve le
sarcophage
contenant les reliques
de Sainte Catherine.
Le
plafond, sous le toit d'origine, date du XVIIe siècle tout
comme
le sol de marbre et l'iconostase.
Les portes en cèdre
sculptées sont d l'époque de
l'édifice, et celle
du narthex datent des croisés
au XIe siècle.
Fresque sur la porte d'entrée de la basilique de la Transfiguration |
Intérieur
de l'église
du monastère Sainte Catherine
|
C’est
à la fin du VIème siècle que fut
réalisée la mosaïque
de la Transfiguration.
Au-dessus du choeur de l'église, la Transfiguration du
Christ
est la plus ancienne mosaïque de l'Eglise d'Orient (VIe
siècle). Représentant Jésus
entouré d'Elie
et de Moïse
et, à ses pieds, les trois disciples
Pierre,
Jean
et Jacques. Mosaïque de l'église de la Transfiguration |
Derrière l'abside se trouve la partie la plus sainte du monastère, le Buisson-Ardent, qui comprend une chapelle du IVe siècle construite par l'impératrice Hélène et consacrée à la Vierge Marie Bénie. L'autel est situé au dessus des racines du buisson qui fut transplanté à l'extérieur et ceint d'un mur de pierre pour permettre la construction de l'autel.
Chapelle du Buisson-Ardent avec l'autel |
Le clocher ou beffroi, de style néo-classique datant de 1871, fut construit par le moine Grégoire. Il habrite neuf cloches, dont une ancienne en bois, qui furent offertes par le tsar Alexandre II de Russie.
Le
Buisson-Ardent
|
Le Clocher et l'église de la Transfiguration |
Symbole
des Croisés sur
les murs de l'enceinte du monastère
|
L'ancien réfectoire (appelé Eglise des Croisés), de forme rectangulaire au plafond gothique vouté, possède des arcades décorées aux armes des chevaliers croisés. Les fresques murales sont de l'époque des croisés et du XVIe siècle. Le réfectoire contient une longue table sculptée venue de Corfou au XVIIIe siècle.
La bibliothèque est la plus ancienne du monde chrétien et la seconde, après celle du Vatican, pour le nombre et la valeur de sa collection. Elle habrite plus de 3000 manuscrits et plus de 5000 ouvrages religieux anciens.
La mosquée, située au sud-ouest de la basilique, fut édifiée entre 1101 et 1106 durant le règne du calife fatimide Al-Hâzim sur l'emplacement d'une petite chapelle des croisés.
Le puits de Moïse qui est alimenté par une source souterraine a un débit constant.
Le
jardin du cloître et
l'ossuaire du monastère Sainte Catherine |
En dehors de l'enceinte, les moines, au cours des âges, ont aménagé un jardin avec de la terre qu'ils ont apporté et ont construit une citerne pour l'irrigation. On peut trouver de nombreuses variétés d'arbres fruitiers (abricotiers, cerisiers, oliviers et pruniers) ainsi qu'un jadin potager.
Jouxtant le jardin, on peut voir le cimetière et l'ossuaire. Cette construction fut nécessaire pour pallier au problème du creusement des tombes dans la roche. Les squelettes des archevêques sont placés dans des niches.
Née
vers 290 à Alexandrie
en Egypte,
Catherine est la fille d'un noble et puissant seigneur Constus.
Jeune aristocrate de 18 ans, lettrée et d'une rare
beauté, elle entra en conflit avec l'empereur
romain Maxence
(Marcus
Aurelius Valerius Maximianus Herculius) qui s'était
déplacé à Alexandrie pour
célébrer
une fête païenne. Elle
dénonçait la vanité des
idôles. Ne pouvant argumenter lui même face à son éloquence, il imposa à Catherine un débat avec 50 philosophes qu'il fit rassembler et qui tentèrent de la faire changer d'avis. Mais c'est elle qui arriva à les convertir. Maxence les fit tous exécuter sur un bûcher et, bien que furieux contre la jeune femme, il demanda à Catherine de l'épouser. |
Maxence essuya un refus plein de mépris. Une nuit, elle avait vu le Christ en songe qui lui avait remis un anneau d'or. Depuis cette visite, elle décida de lui consacrer sa vie.
L'empereur
Maxence
|
L'empereur
la fit emprisonner et puis supplicier à l'aide de quatre
roues
armées de pointes et de lances acérées
qui
tournaient deux par deux en sens inverse en labourant son corps. Par miracle, les roues se brisèrent sur son corps et les roues se dispersèrent en morceaux avec tant de force que quatre mille personnes furent tués. Elle fut délivée. Maxence la fit décapiter en 305 ou 307, ainsi que sa propre épouse Faustina et le chef de la garde que Catherine avait convertis. |
Les traditions grecques et latines rapportent que, lorsque Catherine fut décapitée, il coula du lait de son corps. Avant de mourir, elle demanda à Dieu que son corps soir présesvé après sa mort. Son corps a été transporté par des anges, après son martyre, sur une montagne proche du mot Sinaï (aujourd'hui appelée Mont Sainte Catherine) pour y être enseveli. De l'huile recueillie sur ses ossements sera à l'origine de guérisons miraculeuses durant plusieurs siècles.
Cinq siècles plus tard, des moines chrétiens trouvent le corps d'une très belle jeune femme. Ce corps sera conservé dans un sarcophage d'or et gardé dans le monastère.
C'est
au XIIIe siècle que Sainte Catherine d'Alexandrie est
associée au Sinaï. Très populaire au Moyen Age,
elle
fut l'une des voix de Jeanne
d'Arc.
De nos jours, le monastère habrite deux reliques de Sainte-Catherine : sa tête et sa main gauche. Elles sont conservées dans la basilique, dans un reliquaire de marbre.
Les deux reliques de Sainte Catherine |
C'est une des plus belles collections du monde, plus de 2 000 icônes qui datent du VIe au XVIIIe siècle, qui illustre presque toutes les écoles byzantines d'iconographie du XVIe au XVIIIe siècle. Ces icônes portatives doivent leur remarquable conservation, bien que quelques unes ont été restaurées recemment, aux conditions climatiques exceptionnelles du Sinaï. Elles ont été peintes sur place ou offertes par des pèlerins.
C'est le seul sanctuaire de nos jours qui possède une quarantaine d'icônes ou de fragments d'icônes, peintes à la cire chaude, datant de l'époque pré-iconoclaste ou iconoclaste.
Léon
III l'Isaurien
|
Toutes
les icônes du monastère ont
échappé
à l'iconoclasme qui débuta avec Léon
III l'Isaurien,
en 726,
et se termina grâce à
l'impératrice
Théodora
et à son édit du 11 mars 843 (date
fétée par l'Eglise d'Orient comme
étant le
triomphe de l'orthodoxie). En effet, le Sinaï ne faisait plus parti de l'empire byzantin mais se trouvait sous domination arabe et a donc échappé aux décrets destructeurs des empereurs de Byzance. |
Quatre
panneaux de bois doré ornent l'iconostase
|
Sur
la panneau de droite,
icône de Sainte-Catherine |
La
Vie de Sainte Catherine en icône
|
Ste Catherine, Icone du XIIIe siècle Cette
icône, qui date du XIVe siècle, relate la vie et
son transport pas deux Anges vers le Mont Sinaï.
|
C'est la plus ancienne des icônes du Christ Pantocrator (ci-dessous) qui se trouve au monastère Sainte Catherine du Mont Sinaï en Egypte. Elle date du milieu du VIe siècle. Elle a été peinte à la cire chaude.
Christ
Pantocrator
|
Saint
Pierre VIe siècle
|
Archange
Gabriel 13e siècle
|
Une
des plus anciennes icônes de la Kyriotissa
(ci-dessous) parvenue jusqu'à nous date du VIe
siècle. Saint
Georges et Saint
Théodore entourent la Vierge Marie
ainsi que deux anges.
L'Icône
avec Saints représente Saint Paul,
Saint Jean, Saint Etienne, et de
gauche à droite en bas, Saint
Laurent, Saint
Martin et Saint
Leonard qui est le saint patron des croisés.
Cette icone est peinte à tempera sur bois et date
probablement d'avant 1187.
Théotokos (Kyriotissa)
|
Icône avec Saints |
Saint
Nicolas
|
L'icône du Deisis (à droite) se trouve en position centrale de l'iconostase de l'autel de la chapelle. Elle peut être datée du XIIe-XIIIe siècle et représente le Christ assis sur son trône entouré de la Sainte Vierge Marie et de Saint Jean-Baptiste.
Moïse
et le Buisson-Ardent
|
Vierge
Eleousa
icone crétoise, 16e siècle |
Deisis de l'iconostase |
Manuscrit
|
La bibliothèque
du monastère Saint-Catherine du Mont Sinaï
possède la plus riche collections de
manuscrits
anciens, d'enluminures
et de codex (avec celle du Vatican)
du monde, par la rareté et l'ancienneté de ses
documents. Cette collection se compose de quelques 3400 volumes anciens en grec, copte, arabe, arménien, hebreu, slave, syrien, georgien et autres langues, rédigée par les moines qui vécurent dans le monastère depuis sa fondation. |
En 1844 le Codex Sinaiticus fut retrouvé ; c'est une version de la Bible du IVème siècle.
Ce parchemin
unique, du IVe siècle, l'un des deux plus vieux
au
monde à reprendre les canons chrétiens, contenait
à la fois des parties de la septante et l'une des cinquante
copies du Nouveau
Testament
envoyées par Eusèbe
de
Césarée à l'empereur
Constantin.
Presque toute la
Bible.